11/11/2024 – Cérémonie commémoration du 11 Novembre 1918
Les Bernadetois avaient rendez-vous ce matin à 11h15 place de la Liberté pour commémorer le 106ème anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918.
Devant le porte-drapeau Éric Lopez et les nombreux représentants des anciens combattants, le texte d’accueil a été lu par Jean-Paul Vidailhet.
Cyril Laterrade a lu le message de Sébastien Lecornu, ministre des Armées et des Anciens combattants et de Jean-Louis Thieriot, ministre délégué auprès du ministre des Armées et des Anciens combattants.
Nadège Bitaillou a lu un extrait du livre de Jean-Pierre Guéno « Paroles de Poilus, Lettres et carnets du front 1914-1918 »
Lili Sallagoïty et Mattia Zamboni ont déposé la gerbe de fleurs devant le monument au morts avec Monsieur le Maire puis l’appel des morts a été réalisé par Simon Sylvestre De Ferron et Hugo Saint-Sardos. Enfin, les enfants de l’école ont chanté une très belle Marseillaise.
Cette matinée du souvenir s’est terminée par un vin d'honneur servi dans la salle des fêtes et très apprécié par les villageois qui ont pu profiter de cette occasion pour partager un moment convivial.
Quelques photos de David Bourguinat sont consultables en cliquant sur ce lien
Texte lu par Jean-Paul Vidailhet
Mesdames et Messieurs,
Aujourd’hui, en ce 11 novembre, nous nous réunissons ici, fidèles à un rendez-vous de mémoire. Merci à vous tous d’être présents, d’avoir pris le temps de vous rassembler pour honorer le souvenir de ceux qui ont donné leur vie pour notre pays, pour notre liberté, pour la paix. Votre présence témoigne de votre attachement aux valeurs pour lesquelles tant d’hommes et de femmes se sont battus. Je salue la présence de monsieur Serge Zurrietta maire de Saint Castin
Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement les anciens combattants, avec une pensée pour monsieur Jean Lacoste qui nous a quitté.
Je salue et félicite les membres du nouveau bureau et son président Monsieur Didier Erambert.
Je tiens également à remercier Monsieur Tessier qui laisse sa charge de porte drapeau à Monsieur Eric Lopez que je félicite également au nom de la communauté.
Vous nous rappelez chaque année que notre paix et notre liberté ne sont pas acquises, qu’elles ont été conquises au prix de sacrifices immenses. Merci pour votre fidélité et pour votre engagement, qui permettent aux générations futures de ne jamais oublier.
Merci aux représentants des associations de Bernadets pour votre présence, aux jeunes et aux enfants de l’école accompagnés du directeur monsieur Nicolas Jean.
Un grand merci aux employés municipaux, et à tous ceux qui ont œuvré pour que cette cérémonie puisse se dérouler dignement. Votre implication, souvent discrète, est pourtant indispensable.
Votre engagement témoigne d’une solidarité et d’une union dont nous avons tous besoin aujourd’hui.
Je veux également remercier les élus qui, par leur présence, manifestent leur attachement à cette cérémonie.
Le 11 novembre n’est pas seulement une date historique, c’est un appel à la mémoire, un rappel de l’importance de la paix, de l’amitié entre les peuples, de la solidarité qui doit nous unir. Nous honorons aujourd’hui non seulement les soldats tombés durant la Grande Guerre, mais également tous ceux qui ont donné leur vie dans les conflits pour défendre notre patrie, notre liberté. Merci.
Texte lu par Cyrille Laterrade
C’était il y a 106 ans, en 1918. À la 11ème heure du 11ème jour du 11ème mois, de la boue des Flandres à la frontière suisse, les clairons égrènent les notes du « cessez-le-feu ». Aux fiertés de la victoire se mêle le cortège d’ombres des « péris en terre », accompagné de ceux qui les pleurent. Ce sont ces sacrifices que nous commémorons aujourd’hui, auxquels sont agrégés depuis 2012 celui de tous les « morts pour la France ».
Honorer leur mémoire, c’est écouter ce qu’ils nous disent encore aujourd’hui.
Ils nous laissent un devoir de gratitude, de lucidité et d’espérance.
Le devoir de gratitude, c’est tout simplement se souvenir du sacrifice de ces jeunes hommes, habités des promesses de la vie, qui ont consenti à tout donner pour que la France demeure. Les épreuves qu’ils ont traversées sont inimaginables.
Pour nous en imprégner, laissons la parole à un témoin, le général de Castelnau. Leur vie, c’était « marcher, marcher encore, marcher quand même à demi-mort de fatigue, trempé jusqu’aux os, transi de froid ou bien épuisé de chaleur et de soif dans l’air embrasé d’une journée torride (…). Gravir la pente du terrain sous le lourd fardeau du sac, charger baïonnette au canon dans le sifflement des balles, le crépitement des mitrailleuses et le mugissement des obus. Combattre le jour, combattre la nuit, veiller toujours ; mourir obscurément dans le sillon d’un labour ».
Le devoir de lucidité, c’est de ne pas oublier que 21 ans après que les canons se fussent tus, il a fallu reprendre les armes en 1939. La conjonction de la lâcheté et de l’aveuglement ont transformé la « der des der » en « armistice de vingt ans » pour reprendre les mots du maréchal Foch. À l’heure où la tragédie de la guerre a fait son grand retour en Europe, à l’heure où certaines puissances remettent en cause tous les fondements de l’ordre et du droit international, ceux de 14 et ceux de toutes les guerres nous murmurent de continuer à défendre la paix.
Le devoir d’espérance, c’est de ne jamais douter des ressources de la France pour venir à bout des défis qui se présentent à elle. La guerre change de visage, mais de génération en génération, les soldats de France demeurent animés de la même volonté de défendre l’honneur et la patrie.
En cette année du 80ème anniversaire de la Libération, souvenons-nous des soldats du commando Kieffer qui ont foulé les plages de Normandie le 6 juin 1944 ; souvenons-nous des soldats de la 1ère armée de Lattre qui ont débarqué en Provence ; de ceux de la 2ème division blindée du général Leclerc qui depuis le désert, à Kouffra, sont remontés jusqu’à Strasbourg pour la libérer et accomplir leur serment ; souvenons-nous des héros de la résistance intérieure, mais aussi du calvaire des incorporés de force d’Alsace-Moselle, souvenons-nous du courage des parachutistes de Dien Bien Phu, de celui des soldats qui se battent en opération extérieure et notamment ceux du Liban qui y défendent la paix depuis 1978 : comment ne pas voir que ces combattants ressemblent comme des frères aux Poilus de 1914 ?
Au fil de notre histoire, les soldats morts pour la France, ceux tombés pour le service de la Nation, ou pour le service de la République nous disent les pérennités françaises. Toujours, nos armées sont là pour accomplir la mission.
C’est pourquoi, réunis au pied du monument aux morts, élus, anciens combattants de toutes les générations du feu, enfants des écoles, nous ne sommes pas seulement la garde des morts, nous sommes d’abord les sentinelles des vivants.
Vive la République !
Et vive la France !
Texte lu par Nadège Bitaillou
Jean-Pierre GUENO – Paroles de Poilus, Lettres et carnets du front 1914-1918
(Information pour le lecteur : Gaston Biron avait vingt-neuf ans en 1914. Pendant plus de deux ans de guerre, Gaston, qui ne cessait d’écrire à sa mère Joséphine, avait attendu en vain une permission qui ne venait pas. Et puis le grand jour vint, malheureusement chargé d’une épouvantable déception : à l’arrière, il arrivait que le spectacle de ces poilus arrachés à leurs tranchées dérange… Gaston était le seul fils d’une famille de sept enfants. Ses sœurs Berthe, Hélène, Blanche, Marguerite, Madeleine et Marie apprirent sa disparition à la fin de l’été : blessé le 8 septembre 1916, il mourut de ses blessures le 11 septembre 1916 à l’hôpital de Chartres.)
Samedi 25 mars 1916 (après Verdun)
Ma chère mère, […] Par quel miracle suis-je sorti de cet enfer, je me demande encore bien des fois s’il est vrai que je suis encore vivant ; pense donc, nous sommes montés mille deux cents et nous sommes redescendus trois cents ; pourquoi suis-je de ces trois cents qui ont eu la chance de s’en tirer, je n’en sais rien, pourtant j’aurais dû être tué cent fois, et à chaque minute, pendant ces huit longs jours, j’ai cru ma dernière heure arrivée. Nous étions tous montés là-haut après avoir fait le sacrifice de notre vie, car nous ne pensions pas qu’il fût possible de se tirer d’une pareille fournaise. Oui, ma chère mère, nous avons beaucoup souffert et personne ne pourra jamais savoir par quelles transes et quelles souffrances horribles nous avons passé. À la souffrance morale de croire à chaque instant la mort nous surprendre viennent s’ajouter les souffrances physiques de longues nuits sans dormir : huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours à vivre au milieu d’un charnier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille ;
ah ! j’ai bien pensé à vous tous durant ces heures terribles, et ce fut ma plus grande souffrance que l’idée de ne jamais vous revoir. Nous avons tous bien vieilli, ma chère mère, et pour beaucoup, les cheveux grisonnants seront la marque éternelle des souffrances endurées ; et je suis de ceux-là. Plus de rires, plus de gaieté au bataillon, nous portons dans notre cœur le deuil de tous nos camarades tombés à Verdun du 5 au 12 mars. Est-ce un bonheur pour moi d’en être réchappé ? Je l’ignore mais si je dois tomber plus tard, il eût été préférable que je reste là-bas. Tu as raison de prier pour moi, nous avons tous besoin que quelqu’un prie pour nous, et moi-même bien souvent quand les obus tombaient autour de moi, je murmurais les prières que j’ai apprises quand j’étais tout petit, et tu peux croire que jamais prières ne furent dites avec plus de ferveur. […] Ton fils qui te chérit et t’embrasse un million de fois.
Gaston